vendredi 28 octobre 2011

26ème jour. Retraite.

Deux  jours loin de la routine et du quotidien. Mais toujours avec la prière. Nous allons cheminer vers Toi, Sanctissima Deipara fons vitae et salutis, pour nous, mon épouse et moi, mais aussi pour tous et pour toutes.
À lundi, ô mon log book.

jeudi 27 octobre 2011

25ème jour. Vêpres. Autosuggestion ?

Ce soir je fais un retour à la forme développée de la prière. Ce n'est pas que j'abandonne le Nom de Jésus, il en est toujours le cœur et la force ! Mais il y a tellement de difficultés en moi et autour de moi, tellement de malheurs, que j'ai éprouvé ce besoin impérieux de prononcer le mot de "miséricorde", de l'invoquer, de le mâcher pour ainsi dire ; le besoin de redire et de respirer même "Fils de Dieu", le fondement de notre foi chrétienne ! Jésus est le Fils de Dieu, c'est là la foi qui nous donne la vie : 
"Tout cela a été écrit afin que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu'en croyant vous ayez la vie par son nom. (Jean 20:31)"
Redire le mot de "Christ" ! Rappeler cette onction messianique qui n'est autre que celle de l'Esprit-Saint et en sentir toute la plénitude. Dire et redire "Seigneur" devant mon impuissance, il n'est d'autre Maître que le Christ-Jésus et m'en imprégner.
Dire et redire surtout "pécheur", l'égaré aveugle in hac lacrimarum valle...  
Mais pas de tristesse dans le fond malgré tous les maux et toute mon impuissance devant la souffrance d'êtres chers puisque tout est assumé en Christ et que sa lumière pénètre tout, que le parfum de son Nom est répandu comme une huile qui imprègne tout.
Autosuggestion ? Peut-être... certainement. À répéter toujours la même chose je dois devenir un  peu cinglé, mais cher journal, je ne sais que dire c'est comme ça, d'ailleurs... j'y retourne !

25ème jour. Je n'invente rien.


Je n'invente rien (cf l'image si-dessous) :
"Unis au souffle des narines  la vigilance et le Nom de Jésus, ou la méditation continuelle de ta propre finitude et l'humilité. On sait que les deux sont d'un grand secours."
Pour ce qui est de la mémoire de la mort, aucune inquiétude à avoir avec cela, laissons le Nom de Jésus qui est la saveur même de la Vrai Vie, nous enseigner de quoi il s'agit réellement. Dans le Nom du Christ tout choses nous apparaissent pour ce qu'elle sont réellement, les réalités  spirituelles mais aussi les matérielles, ou psychiques car dans le Nom du Christ Vivant il n'y a plus de place pour les idées qui déforment la réalité, les concepts. Et les émotions plaisantes ou déplaisantes, même intenses sont adoucies et perdent de leur caractère obsédant.
J'ai envie de dire que, surtout de nos jours : l'invocation du Nom est première, quelque soit notre état intérieur et/ou extérieur. Je l'ai dit et je me le redit : Seulement invoquer le Nom !


Hésychius de Batos, II centurie, chapitre 87 (7ème ou 8ème siècle.)








mercredi 26 octobre 2011

24ème jour. Vulnérables et Ouverts.

Trop d'intentions de prière... Partout, même là où l'on croit avoir trouvé un havre de paix, partout dissension, violence, cris, peine et tristesse, exclusion, orgueil et dureté de cœur, imbroglio d'émotions issues du psychisme tourmenté... Comment apporter le pardon, la paix et l'amour ?  Par l'humilité.
Le monde est à notre image. Toutes nos pensées l'influencent, même la moindre d'entre elle.
Ne juge pas mon ami ! Non, mais parfois il faut poser un discernement sur les évènements qui nous entourent et nous atteignent pour éviter d'en être la proie ballotée et déchirée...
Quand aux personnes qui par leur pensée produisent de tels actes négatifs, il nous reste pour elles l'invocation du Nom du Christ qui embrasse tout .
Dans le Christ nous sommes à la fois au cœur du monde, vulnérables, prisonniers, et en même temps infiniment au-delà, dans la transcendance, dans l'Ouvert.
Ιησου.

mardi 25 octobre 2011

23ème jour. En-deçà de la création.

Le chemin de l'hèsychia c'est réapprendre a habiter humblement la cellule de notre corps. D'être modestement présent à la réalité la plus prosaïque, ordinaire.
Qu'est-ce donc cette hèsychia ? C'est le calme intérieur de celui qui se tient en-deçà de la création, sous le regard de Dieu, et qui garde toujours dans son cœur ,comme remède contre les passions, le Nom du Dieu fait homme, Ιησου, conscient de se dépendance totale à la Toute-Sainte Trinité.
Κύριε Ιησού Χριστέ ελέησον με.

lundi 24 octobre 2011

22ème jour. Folie.

L'attention porté par la respiration, le Nom du Christ porté par l'attention.
Silence et immobilité parfaits. Immersion dans le Nom... Je dois être fou !

dimanche 23 octobre 2011

21ème jour. La saveur du Christ.

  La prière monologique comporte une puissance unificatrice extraordinaire. Elle aide à établir l'attention intérieure lorsque nous nous y consacrons exclusivement, mais elle aide aussi à se rendre présent à soi-même dans les diverses activités et à les remplir de notre attention et de notre présence.
La première chose que nous devons apprendre lorsque nous cherchons la Présence de Dieu, c'est à nous rendre présent dans l'instant qui est le seul moment favorable.
L'invocation du Nom de Jésus est une ascèse puissante qui purifie l'esprit de celui qui fait cette épiclèse avec attention et simplicité. Tout peut alors prendre ce que j'appelle la "saveur du Christ" ! Qu'est-ce la "saveur du Christ" ?
Un exemple simple : je claque bruyamment une porte parce que mon esprit est ailleurs, projeté dans l'avenir, inquiet, rongé par les souvenirs, en proie à une passion, bref parce que je ne suis pas dans l'attention et la sobriété du cœur. Cette action à la saveur de ma colère, de mon inattention, de mon inquiétude, de mon énervement, de ma lassitude... que sais-je d'autre !
Si par contre je referme la porte consciemment, en habitant mon geste par l'attention et si l'attention elle-même est habité par le Nom, cet acte à la "saveur du Christ".
Simple, mais ô combien difficile à mettre en œuvre !

20ème jour. Dans le nom du Christ toute dualité est dépassée

Dans le Nom du Christ toute dualité est dépassée :

le divin / l'humain,
le créé / l'incréé,
le temps / l'éternité,
le plaisir / la souffrance,

mais ce n'est pas un dépassement par une sorte de "dissolution" des contraires dans l'Un, comme l'enseigne une certaine spiritualité d'inspiration orientale ou néo-platonicienne. La dualité est dépassée parce qu'assumée par Dieu en la personne du Christ en qui sont unies les deux natures divine et humaine.
Les deux natures sont, comme le dit le Concile de Chalcédoine (451) :
« sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation (entre elles), sans que l'union ôte les différences des natures. Au contraire, la propriété de chacune est conservée et concourt en une seule personne et une seule hypostase (personne distincte), en sorte qu'il n'est pas divisé en deux personnes, mais que c'est un seul et même Fils unique, Dieu le Verbe, notre Seigneur Jésus-Christ. »
L'Église n'a pas dogmatisé pour le plaisir de se perdre dans l'abstrait, mais en réaction à des hommes qui par leur doctrine rationnelle faisaient perdre au message évangélique tout le sens du mystère de notre salut.
Par la relation avec le Christ Vivant dans la prière, qu'elle soit monologique (consistant en un seul mot) ou autre, nous vivons intuitivement la véracité de ces propos du concile de Chalcédoine même si nous n'en comprenons pas un seul mot.
Le Christ est un, tout en étant Vrai Dieu et Vrai Homme et c'est pour cela que l'homme peut être divinisé en Lui. L'homme peut être dépassé parce qu'assumer par le Christ.
Quand je prononce le nom du Christ avec attention et le sentiment de sa présence, je fais plus qu'une prière, au sens classique du terme, je m'unis à lui ou, plutôt, j'accueille la présence de celui qui est "consubstantiel à nous selon l'humanité" tout en étant "consubstantiel au Père selon la divinité".

vendredi 21 octobre 2011

19ème jour. Suavis et mitis est, mi Iesu...

Miserere mei Domine, quoniam ad te clamavi tota die :
Laetifica animam servi tui,
quoniam ad te, Domine, animam meam levavi.
Quoniam tu, Domine, suavis et mitis :
et multae misericordiae omnibus invocatibus te.
(Psalmus LXXXV)

Fais-moi miséricorde Seigneur, car vers toi j'ai crié tout le jour :
Réjouis l'âme de ton serviteur,
car vers toi, Seigneur, j'ai élevé mon âme.
Car toi, Seigneur, tu es bon et tendre,
riche en miséricorde aussi, pour tous ceux qui t'invoquent.
(Psaume 85)

Psaume des matines ou de l'orthros de ce vendredi matin, selon la disposition du psautier de notre bienheureux père parmi les saints, Benoît de Nursie.

Ce matin l'air s'est chargé des prémices de l'hiver. À peine si le soleil commence à frapper les carreaux de la fenêtre. Deux bûches font ronfler le poêle. Mes pensées prennent la pente de l'hiver, de l'obscurité elles aussi, comme une machine bien huilée dont les rouages s'entrainent les uns les autres et, sans que je m'en aperçoive, comme malgré moi, elles m'entrainent loin de la Vraie Vie.
Mais quelque part, bienheureux sont-ils ceux qui ont découvert le petit, tout petit grain de sable qui bloque les rouages de la machinerie infernale la plus complexe. C'est un petit rien aux yeux du monde, comme cet enfant au cœur de la nuit, au cœur de l'hiver, couché dans une grotte vers lequel nous nous avançons comme malgré nous... Rien, vraiment rien : c'est ton Nom, ô mon Christ, ton Nom Jésus. Iesu... Il nous rend la Paix.

mardi 18 octobre 2011

16ème jour - Tout au fond, au fond...

Avec la prière de Jésus nous découvrons notre véritable identité spirituelle. Puis-je dire encore aujourd'hui que je suis pécheur ? Des siècles de prêchi-prêcha moralisateur et culpabilisateur ont complètement défiguré ce mot pour en faire un véritable épouvantail qui fait fuir ou hurler de rire !
Dans le christianisme des origines le mot grec qui signifie "pécheur" n’appartenait pas au vocabulaire religieux, en effet "αμαρτωλός" dans le vocabulaire de ce peuple de guerriers et d'archers qu'étaient les grecs signifiait : "celui qui rate la cible", puis par glissement de sens aisément compréhensible : "celui qui est dans l'erreur, qui s’égare".
Cette flèche puissante qui entraine  toute la vie humaine, le désir, rate la véritable cible, Dieu, et va se perdre dans je ne sais quel buisson d'épine.
Pourtant, quelle libération de se savoir pécheur et , dans l'intime conviction du cœur, de s'asseoir à la dernière place, tout au fond, au fond avec le Christ qui a pris sur lui le péché du monde. Dans sa miséricorde notre flèche égarée vient quand même se ficher en Dieu. Vient-on à vous réprimander, ou à vous louer : c'est du pareil au même ! Pas de trouble, juste le silence. Qu'importe ce que l'on peut penser ou dire de vous, vous reposez dans la miséricorde du Christ. Votre ultime réalité est en Christ où vous vous tenez en vérité, et vous savez que vous n'existez pas dans la pensée d'autrui, qui est illusoire, mais que votre vie est cachée avec le Christ en Dieu...
Voilà : Domine Iesu Christe, Fili Dei, miserere mei peccatoris,
            Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, fais-moi miséricorde, pécheur.
Tout est dit et c'est la Voie, la Vérité et la Vie !
  

lundi 17 octobre 2011

15ème jour. Abba, Abba...

Reprise du boulot. On va voir où elle sont tes belles théories mon coco ! Tiens, une petite vidéo, ça au moins c'est radical et sans compromis  !



Impossible de prier durant le travail, je n'ai même pas pu dire une seule invocation. Trop de sollicitations mentales et de dispersions.
Fort heureusement il y a la marche car je me rends à mon travail en marchant. Trois quart d'heure environ livrés au Nom de Jésus.
Après le travail je suis allé à pied voir une personne très proche, très chère, grabataire depuis 7 ans, et la personne très proche, très chère qui veille sur elle jour et nuit depuis 7 ans. Sur eux l'invocation du Nom encore et encore. Je crois qu'Il sanctifie tout et qu'il transfigure tout.
IESU.
ΙΗΣΟΥ.
Priez pour quelqu'un c'est moins intercéder devant Dieu avec des mots, que d'unir dans notre cœur la mémoire de cette personne avec le Nom du Christ invoqué. S'unir à l’intercession du Christ pour nous, s'unir à l'Esprit qui en Christ gémit vers le Père : Abba, Abba... pour l'humanité, pour le cosmos soumis à la vacuité...
Quant au travail qu'il devienne pour moi le lieu de l'incarnation... le lieu de la pratique des commandements, le lieu qui brise mes illusions !

dimanche 16 octobre 2011

13ème et 14ème jour : angoisse et dilatation du coeur.

Litanie des temps modernes :

Lexomyl®, xanax®, tranxène®, temesta®, dieux issues de la sacrosainte molécule mère : Valium®. Le rôle de ces divinités auxquelles tant de nos contemporains rendent tous les soirs un culte et un cérémonial pour s'assurer une petite nuit de sommeil sans être rongé par les soucis et le stress : atténuer l'angoisse. Ce sont des anxiolytiques : littéralement "Tueurs d'angoisse".
Je ne juge aucunement tous ceux qui y ont recours. J'ai eu ma période "xanax®". Molécule qui me donnait d'ailleurs de sacrés trous de mémoire. (Le monde médical parle depuis peu du possible rôle de ses molécules, avec les hypnotiques ou somnifères, dans la genèse de la maladie d'Alzheimer...). Peut-être un jour serai-je contraint d'en reprendre ? Je ne suis ni plus fort ni meilleur qu'un autre, mais ce terme "angoisse" et quelques expériences vécues ces jours-ci, dans le cadre de cette période de prière que j'essaie de rendre plus intensive, m'ont donné à réfléchir.

L'angoisse, du latin angŭstĭa signifiant étroitesse, resserrement, exprime bien une sorte d'effondrement sur soi, un étranglement dans un filet psychique tressés par les pensées d'inquiétudes et de perte d'espoir, qui petit à petit resserre le psychisme de la personne jusqu'à l'étouffer, à la confiner dans un espace qui semble sans issue aucune. Tant que ce phénomène est contrebalancé par un apport de pensées teintées de plaisir et d'espoir il peut y avoir un équilibre, avec ou sans l'apport de médicaments, mais si l’habitude de s'appuyer sur des "béquilles chimiques" est prise, cela ne peu que s’aggraver avec le temps, par accoutumance d’abord, puis par réduction du "champs des possibles" qui ne fait que s'accroître avec l'avancée dans l'âge. Réduction du champs des possibles, ou réduction du champ d'illusions possibles ? On a beau se dire que la vie commence à 40 ans, puis 50 ans, puis 60 ans voire 70, que l’espérance de vie s'alooooooooooooooonge... viens un moment où l'un des trois inévitables nous rattrape (Attention ! Ici, partisans de l'esprit positif envers et contre tout, cessez votre lecture, si ce n'est déjà fait !). Les trois inévitables ? La maladie, la vieillesse et la mort... Qui n'a jamais éprouvé de l'angoisse en pensant à l'un de ces trois ? Il vaut mieux éviter d'y penser... Oui, oui... Sauf que, je ne sais pas si vous l'avez déjà remarqué, mais la pensée à une fâcheuse tendance à ne pas nous obéir... S'en est même parfois à se demander si c'est moi qui pense ou si c'est la pensée qui me pense... "Je suis pensé donc je ne suis pas... ?"
Ce qui est sûr, c'est que la pensée est la genèse et la source de l'angoisse. La réflexion qui ne réfléchit plus, justement, que le créé et le périssable ; une de mes expressions favorites : "Ce monde corruptible" que j'évoque quand je fais mémoire d'une personne qui l'a quitté, ce monde corruptible, pour de bon, pour toujours.
Quel est le remède alors ? Ne plus penser : impossible. Et attention au retour du refoulé dans le sub, ou plutôt, l'infra-conscient... Alors ?
L'antonyme latin d'angŭstĭa est dilatatio. Mot que l'on retrouve souvent dans les psaumes. C'est toujours pour décrire une "dilatatio cordis", une dilatation du cœur... est c'est toujours une réponse de l'Incréé, du Présent, de Tout-autre, de l'Ouvert : Dieu, une réponse à une situation d'angoisse et d'oppression sans issue.
Le mental ne peut rester vide. Il doit toujours se saisir d'un désir, d'une perception, d'une sensation, pour meubler le vide d'un enchainement continu de pensées. Si les désirs, perceptions et sensations sont bons alors tout va plutôt bien, mais ici-bas plaisir et souffrance sont les deux facettes d'une même réalité. Et cette réalité duelle est le moteur à 99 % de la pensée qui ne fonctionne que dans un but : éviter la souffrance et ressentir du plaisir.
Pour nous, chrétiens, les pères nous conseillent de donner comme nourriture au mental le Nom du Sauveur, Jésus, (celui justement qui met au large), à l’exclusion de toute autre pensée et d'éviter toute sorte d'imagination. C'est un voie étroite, angustia (angoissante ?), c'est une ascèse, un exercice et un  repentir (je ne peux plus rien par moi-même, je tourne en rond dans un cercle sans fin, voilà mon mal, voici ma souffrance et, SVP, plus de succédanés qui prolongeront le calvaire, je me tourne vers toi Seigneur !)
Nous pouvons commencer, 5 ou 10 minutes à nous exercer à cette bienfaisante pratique. L'esprit part dans tous les sens : tant mieux ! C'est bien la preuve que je n'ai aucun contrôle sur la pensée que je crois être mienne... pas plus que sur mes cheveux qui blanchissent tout seul...
Un peu de persévérance : puis c'est un arrêt, une vacance, une pause, un repos, un rafraichissement.
Mais je ne vais tout de même pas resté planté là immobile comme une statue, et la charité dans tout ça ? Il faut aimer le prochain et patati et patata... (voilà l'autre qui recommence.)
Un peu de persévérance : C'est une présence à l'instant présent maintenant, seule ouverture à la Présence.
Parfois un douce et calme chaleur, comme d'être rentré au bercail et d'y être accueilli...
Puis une dilatation peut-être, Dieu voulant, la sensation d'être au large, d'être délivré de l'angustia. Il peut continuer à y avoir des pensées mais on est comme tiré hors de leur flots incessant et tourmenté. C'est étrange : elle ne me concernent plus...
La charité ? Oui ! il y a, pour nous chrétiens, deux commandements les premiers et les plus grands, et les deux ne font qu'un je crois :
1°) Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée,
2°) et le second qui lui est semblable : et ton prochain comme toi-même.
Dites-moi comment aimer le Seigneur de toutes sa pensée sans y consacrer toute sa pensée à l'exclusion de toute autre chose ? Pour cela la prière de Jésus me semble un bon moyen... Comment aimer son prochain comme soi-même, sans avoir d'abord arrêter le moteur perpétuel de la fuite de la souffrance et de la recherche du plaisir ? La philautia, l'amour de soi, ne peut-être guérie que si l'on accepte de se laisser aimer par l'Autre, le Tout-autre... Seul remède, seule guérison possible...
Il n'y a qu'un seul moyen pour devenir bons : c'est de ne plus souffrir.
Il n'y a qu'un seul moyen pour ne plus souffrir c'est d'être comblé.
Il n'y a qu'un seul moyen pour être comblé c'est de recevoir le Bien infini.
Il n'y a qu'un seul moyen pour recevoir le Bien infini c'est de se détourner de ce qui est mal et fini.
Il n'y a qu'un seul moyen pour se détourner de ce qui est mal et fini : la foi et l’espérance...
Ô Dieu miséricorde !





vendredi 14 octobre 2011

12ème jour. Unification.

Jésus est celui en qui sont réunis le créé et l'incréé, le fini et l'infini, le ciel et la terre. Il est le Verbe, le Logos, qui est au principe de toute chose, de tous les êtres créés . Fils seul-engendré, qui est et demeure dans le sein du Père, sans commencement ni fin.
À la plénitude des temps ,par son incarnation, il a uni les deux natures, divine et humaine, en sa personne sans cesser de reposer dans le sein du Père, Dieu éternel, homme parfait dans le temps...
Jésus, ce Nom porteur de la Présence Divine introduit doucement la pauvre créature déchue qui l'invoque, dans toutes ses réalités et lui en fait l'exégèse...
Connaitre le Nom, ce n'est pas simplement savoir que le Christ s’appelle Jésus, c'est être initié aux mystères divins, mystères sans fonds... dans la kénose de l'intelligence discursive qui se vide donc elle-même dans l'Invocation, et le brisement du cœur devant la miséricorde du Seigneur et le don ineffable qu'il me fait à moi, le pécheur !

mercredi 12 octobre 2011

11ème jour. Immersion.

Puisque je suis immobilisé à la maison à cause de mon lumbago, j'en profite pour étayer ma résolution : journée de prière de Jésus non-stop. Départ 8h, arrivée ?... À la grâce de Dieu...
Ce soir, si j'ai le temps, je ferai un petit rapport.
"Tout est  mort, Christ est ressuscité !", comme le proclame si bien Thierry Jolif-Maikov sans un de ses statuts FB.


19h00 : Le Nom même de Jésus contient une vertu, il est lui même toute vertu. Il n'est pas simplement appel vers le Christ ressuscité, symbole de sa présence, il est déjà cette présence...
L'invocation du Seul Nom de Jésus unifie le cœur de l'orant et fait recouvrer la quiétude à l'esprit éclaté, écartelé en mille pensées et désirs qui ne cessent de tourbillonner comme un essaim de moustiques sans nous laisser de paix une seule seconde.
Si l'on se plonge dans l'invocation du Nom avec un esprit d'adoration et d'humilité, on n'en ressort  jamais comme on y est entré. C'est un baptême, une immersion... Quelque part je me demande s'il n'y a pas dans l'invocation du seul Nom de Jésus une réactualisation de la grâce du baptême.
 L'immersion dans le Nom rend à nouveau effective cette présence de la grâce qui est comme latente en nous...
S'immerger dans le Nom du Christ... Jésus...
Pour l'instant, et sauf avis contraire de mon conseiller spirituel, ma prière se réduira à l'invocation du Nom seul... Simplement cela... IL EST TOUT !
La prononciation du Nom devient parfois comme une "manducation". Mâcher le Nom de celui qui a dit : "Je suis le Pain Vivant".



9ème et 10ème jour. Naufragé.

Domine Iesu Christe, Fili Dei, miserere mei, peccatoris.

Crédits photographiques : Petros Giannakouris (AP Photo).
N'est-ce pas tout ce je peux dire ?
Cloué chez moi à cause d'un mal de dos invalidant, les pensées m'assaillent de toute part.
Je prends juste la ferme résolution de m'accrocher à la prière. M'accrocher ! Mot bien différent du "lâcher-prise", dont on entend souvent parler en matière de spiritualité... Actuellement, si je lâche-prise, immédiatement je sombre...
Donc je n'en suis pas encore là. Viendrait-il à l'idée d'un naufragé perdu en plein océan tempétueux de lâcher la planche de bois qui le maintient à la surface ? Je suis ce naufragé, ma planche de salut c'est la prière de Jésus...
Le Nom du Christ...

L'Ancien Cléopas de bienheureuse mémoire

lundi 10 octobre 2011

8ème jour. I Thessaloniciens 5,17.

I Thessaloniciens 5,17 : "Sine intermissione orate", "priez sans cesse". C'est le verset souvent évoqué par les pères pour exhorter à la prière continuelle. Mais j'aime bien lire le passage dans son entier car on comprend mieux alors comment on peut prier sans cesse, comme le dit le savoureux latin : "sine intermissione."
"Semper gaudete, sine intermissione orate, in omibus gartias agite; haec enim voluntas Dei est in Christo Iesu erga vos." "Toujours réjouissez-vous, sans cesse priez, en tout rendez grâces; c'est cela la volonté de Dieu pour vous dans le Christ Jésus." Pas la peine de se torturer donc, pas de violence contre soi, tout doit se faire dans le calme et la douceur. Le salut en Christ est une plénitude de joie dans la vraie vie et donc une plénitude d'action de grâces, un sacrifice de merci, continuel. S'il est bon que la prière de Jésus comporte la partie pénitentielle "fais-moi miséricorde", ou "aie pitié de moi, pécheur" pour ne pas s'élever en son cœur et garder d'humbles dispositions, en aucune manière je ne dois me torturer intérieurement, ou chercher à me rabaisser, ou me perdre dans le souvenir de mes multiples fautes. Le Christ me révélera sa miséricorde quand Il lui plaira alors je me verrai en vérité et le baptême des larmes viendra, s'il doit venir. Les larmes de la douloureuse joie sont les larmes de la connaissance de Dieu et de la reconnaissance en Dieu. C'est cela la volonté de Dieu pour nous dans le Christ ! Deo gratias ! Fiat volontas tua, Domine ! Dieu merci, que ta volonté soit faite, Seigneur !

samedi 8 octobre 2011

7ème jour. Travail du Dimanche.

Travail du Dimanche à l'hôpital : puisse-t-il être sanctifié par l'invocation du Nom. Seulement invoquer le Nom.

6ème jour. Mon monastère et mes maîtres.

Rester dans la paix malgré tout... Vacarme, bruissements, cris et chuchotements, dissensions, disputes, blasphèmes au quotidien et au-dessus des flots tourmentés ton Nom, Soleil de justice... Puisse-t-il se lever dans mon cœur et rayonner... Ce soir travail jusqu’à 22 heures. J'aime le travail du soir, l'heure du coucher des patients, le repos... transmettre le calme, apaiser les angoisses en habitant chacun des gestes soignants et en se laissant habiter par le Nom... en obéissant à chacune des demandes des personnes même s'il faut parcourir l'interminable couloir encore et encore et encore en récitant la prière... répondre aux sonnettes immédiatement en abandonnant sa volonté propre : Hôpital tu es mon monastère. Malades, vous êtes mes maîtres.

vendredi 7 octobre 2011

5ème jour. "Adiutorium nostrum in Nomine Domini ."

"Adiutorium nostrum in Nomine Domini ." Notre aide est dans le Nom du Seigneur. Ô combien cela est vrai ! On n'imagine pas ! C'est vrai et on ne peut que le vivre. Comme l'aimant appelle l'aimée qu'il sait présente mais cachée cependant, ainsi mon âme t'invoque Seigneur. PAX ET SILENTIO...

jeudi 6 octobre 2011

4ème jour. Simplement invoquer.

La prière monologique, c'est-à-dire d'une seul pensée, d'une seule parole... Naturellement, comme un ruisseau s'il s'étend trop devient marécage stagnant et bourbier, ou au contraire s'il est resserré entre deux parois rocheuses deviens un petit torrent bondissent et plein de vie, les saillies rocheuses de cette vie me contraignent à resserrer encore mon invocation : à présent c'est un seul mot, la prière du Nom seul que j'essaie d'avoir aux lèvres et dans le cœur : Ièsou, Ιησού, Iesu, Jésus...
Impossible au travail de prier autrement, même les cinq mots grecs de l'invocation "Seigneur Jésus-Christ, fais-moi miséricorde" ne parviennent pas à rassembler suffisamment l'attention au milieu des multiples sollicitations.
De même que pour soulever une très lourde pierre posée sur le sol avec un levier, il faut que celui-ci à son extrémité soit très affuté pour pouvoir se glisser dans le moindre interstice disponible et pouvoir commencer à jouer son rôle, de même donc, il faut que notre esprit soit rassemblé en une fine pointe pour pouvoir se glisser dans le moindre interstice pouvant exister entre nos pensées conditionnées et passionnées (dans le sens de "pathologiques"), et espérer entrebâiller la chape de notre état déchu qui pèse lourdement sur nos vies et nos actes.
La longueur du levier dont dépendra la puissance, c'est l'humilité devant Dieu et les hommes.
La force qui pèsera sur l'autre extrémité du levier c'est l'amour pour Dieu et pour le prochain.
Mais la prière est première car c'est par elle que nous tavaillons à affuter notre levier qui sinon ne pourra pas nous servir à soulever la pierre.
Mais non ! Tout cela est vain ! Tous ces efforts n'aboutissent à rien ! Le levier n'est pas assez long ou la force nous manque ou la patience d'affuter nous fait défaut. un seule chose compte : invoquer le Nom dans une attention adorante et aimante, sans rien attendre sinon le simple fait d'invoquer. Simplement invoquer. Le plus souvent possible.
Ô mon âme toi qui aime le Christ, même très imparfaitement : invoque-le ! Il est tout !

mercredi 5 octobre 2011

3ème jour. Vêpres, mémoire de la mort.

Mémoire de la mort inscrite dans la chair... J'ai pansé la plaie de cette femme qui a passé la nuit au sol, chez elle, après une chute : hypoxie des tissus... les chairs se sont nécrosées... une partie de son corps n'est plus là... on appelle ça une escarre sacrée du fait de sont emplacement... certaines collègues ne supportent pas de voir ce stigmate de mort profondément imprimé dans cette chair... je comprends... je sais ce que c'est... des fois il vaut mieux passer le relais. La femme me parle... elle ne voit rien : il vaut mieux. Je m'enquiers de sa douleur : il faudra augmenter la morphine...
Odeur de mort... le tombeau de Lazare... et les larmes du Christ. Ton Nom Jésus, ton Nom seul pour être sans barrière devant ce drame, pour épouser la condition dramatique de tout être humain en ce monde corruptible. Ton Nom pour rester présent, conscient, aimant.
ΙΗΣΟΥ !

3ème jour. Fuite.

Une heure environ pour m'immerger dans le Nom.
Est-ce une fuite ? À une époque je m'en serais défendu ! Maintenant je dis : "Oui."
"FUGE !, TACE !, QUIESCE !"
"Fuis, fais silence, reste tranquille", dit le Christ à abba Arène en réponse à sa question : "Comment être sauvé ?"
C'est ce que je vais essayer de faire, moi aussi.
Plus que trois quart d'heure...
C'est un cas d'urgence vitale !
Κύριε Ιησού Χριστέ ελέησον με.

mardi 4 octobre 2011

2ème jour. Vêpres, distractions

18h30 : Invocation du Nom, cet-après midi. La prière vocale me maintient davantage dans l'attention et la garde du cœur. La prière mentale, celle que j’appelle "respirée", me livre aussitôt aux distractions, à la dissipation de la vigilance ; je n'insiste donc pas.
Deux tentations : l'affiche du tirage de l'euromillion de ce soir (100 millions) agrippe mon regard alors que je fais quelques courses en ville. J'ai envie d'entrer dans le bureau de tabac et de jouer. Avec une telle somme voilà de quoi prier en toute liberté et sans souci pour le rester de ma vie, de quoi partir en voyage à la recherche des plus grands starets après avoir fait du bien autour de moi! Oui... mais non, pensée cataloguée comme tentation mondaine teintée d'amour de l'argent, de désir de pouvoir, d'orgueil et de désir de paraître et totalement contraire à la sobriété et à la tempérance. Souviens-toi de l'obole de la veuve pauvre, ô mon âme.
La deuxième, plus grave : un ami m'a raccroché au nez alors que je lui téléphonais pour prendre de ses nouvelles. N'a-t-il pas entendu ma voix ? Je l'ai rappelé dix minutes après, il n'a pas répondu. Je lui ai laissé un message, il n'a pas rappelé. Peut-être l'ai-je offensé de quelques manières, moi qui suis tellement pécheur... et voilà de quoi nourrir un long flot de suppositions. Mais non je ne vois pas. Si j'ai péché contre lui c'était involontaire donc moins grave. Finalement je me suis mis à prier avec ardeur pour lui et le calme intérieur est revenu. La réponse viendra en son temps...
Ensuite une heure d'invocation du Nom et quelques prières tirées de l'office de vêpres... Joyeuse lumière... Je me rappelle les paroles de Nicéphore le solitaire (ou plutôt l'unifié ?) dans son chapitre philocalique sur la sobriété et la garde du cœur : "vous qui voulez brûler de lumière joyeuse loin du siècle présent et qui vous détachez des choses de ce siècle [mensonger : c'est moi qui le rajoute !]
Demain boulot (bye, bye le rêve de gain à l'euromillion). Présence auprès des malades : je suis infirmier en hôpital. Que le Nom du Seigneur m'accompagne pour demeurer en sa présence, les difficultés ne vont pas manquer. Mais reste dans le présent, mon âme, c'est le seul lieu possible de la Rencontre avec la Grâce !
Κύριε Ιησού Χριστέ ελέησον με.

2ème jour. Respiration essentielle.

Même lieu, même tabouret.
Une heure et demie cette fois-ci. 9h45-10h20. Beaucoup de distractions et de pensées parasites s'agitent dans mon mental, mais une seule préoccupation en moi, fondamentale : établir et rétablir sans cesse l'attention sur les mots de la prière : Kyrie Iisou Christe eleison me, Seigneur Jésus Christ fais-moi miséricorde.
Prière murmurée, prière respirée.
Respirée ? Si nous nous rappelons les quelques notions sur la physiologie de l’appareil respiratoire, apprises certainement, pour la plupart d'entre nous, à l'école, nous pouvons suivre le chemin de l'oxygène, aliment et carburant indispensable à la survie de notre organisme, jusqu'à l'intérieur de notre corps. L’oxygène contenu dans l'air inspiré pénètre dans les poumons jusque dans les alvéoles pulmonaires, créées poreuses par le Créateur, aurait dit Nicéphore le moine. De ces alvéoles recouvertes de capillaires sanguins l'oxygène passe dans la circulation sanguine et se fixe sur l'hémoglobine des hématies, ou globules rouges, qui, grâce au fonctionnement du cœur vont parvenir jusqu'à chacune des cellules de l'organisme pour les vivifier en leur apportant ainsi le carburant nécessaire à leur fonctionnent spécifique, selon leur fonction pour la vie du corps tout entier.
Il s'agit simplement de faire suivre symboliquement, en esprit, le même trajet au Nom divin de Jésus, IESU, ΙΗΣΟΥ, par l'inspiration il pénètre en esprit dans nos narines, puis descend jusqu'au fin fond de notre poitrine. C'est une communion, issue du don total de notre Dieu pour nous. Là, le Nom de Jésus ne demeure pas inactif mais, comme l'oxygène vital, il passe dans tout notre corps, va imprégner chaque cellule de notre être et lui transmettre ce dont il a besoin.
La dépendance totale à l'oxygène devient symbole de la dépendance totale à notre Dieu et Seigneur Jésus, cet oxygène dont la combustion à l'intérieur de chaque cellule produit la chaleur de notre corps vivant mais périssable.

"La cellule de l'hésychaste, c'est les étroites limites de son corps; au-dedans, elle contient une maison de connaissances.
Saint Jean Climaque, L'échelle sainte, Vingt-septième degré (De l'hésychia), paragraphe 12; traduction française de l'archimandrite Placide Deseille, 2e édition, Spiritualité orientale n° 24, Abbaye de Bellefontaine, Bégrolles-en-Mauges 1987, p. 275.)"

"Demeure dans ta cellule et ta cellule t'enseignera toutes choses » (Apophtegmes II, 19)."

La respiration est naturelle à l'être, la prière aussi, mais comme nous sommes déchus et privés de la lumière divine nous ignorons cela. La respiration est vitale, la prière aussi. La respiration est la plupart du temps inconsciente mais peut devenir le support de l'attention, la prière aussi.
Mais nous devons revenir sans cesse en esprit à l'Amour de notre Dieu pour nous, cet Agapè divin, ce Chérissement qui Lui a fait donner sa vie pour nous sur l'arbre de la croix, devenu ainsi arbre de vie et qui nous a donné son Nom divino-humain de venu le Nom même de la Vie... et n'admettre aucune autre pensée mais vider notre esprit pour Dieu comme celui-ci s'est dépouillé de sa divinité par pur amour. La prière est sacrificielle, sacrifice du temps, du Chronos qui nous est rendu instant de communion, le Kairos, sacrifice de l'intelligence discursive brisée et prédicatrice du monde comme objet, qui nous est rendue contemplation du Divin et de la raison des êtres.
Après l'inspiration vient l'expiration, après un bref "suspens" qui peut être le lieu de silence intérieur total. L'inspiration était porteuse du Nom Divin, du Kyrie Iisou Xriste, l'expiration, elle, est porteuse de la miséricorde divine qui porte le péché du monde : eleison me. Comme le dioxyde de carbone, gaz toxique, et déchet de la combustion interne de cellules est porté à l'extérieur du corps en suivant le chemin inverse de l'oxygène, en esprit je remets mon péché entre les mains du Seigneur, et j'offre mon souffle... Comme le dernier ? Pause, silence...
Après la prière ce matin : déchargement de deux palettes de bois pour l’hiver. Je discute avec le livreur, jeune roumain orthodoxe, et j'oublie la prière. Mais de temps à autre l'élan du cœur refait surface.
Après le labeur petit rafraichissement; Nous buvons tous les deux de l'eau pétillante fraiche en poussant des "Aaaaah ! ça fait du bien". Rafraichissement dans la chaleur, du bois stocké en prévision de la froidure de l'hiver qui finit toujours par arriver même si nous n'y croyons guère, même si nous préférons oublier... "Ευχαριστώ σοι, Κύριε ο Θεός μου", "Je te rends grâce Seigneur mon Dieu." Encore la prière... en tout et pour tout.

lundi 3 octobre 2011

1er jour. Commencement.

Petit commencement aujourd'hui. Une heure quinze de prière environ. Une heure et quart uniquement consacrée à la prière, à l'aide d'une formule consacrée et sanctifiée par l'usage de nos saints pères, et aujourd'hui encore pratiquée et conseillée : Κύριε Ιησού Χριστέ ελέησον με. Kyrie Iisou Christe eleison me. Formule articulée, ou respirée (je m'expliquerai plus tard sur les techniques psycho-physilogiques, en un an j'ai le temps. Ayant pris ma résolution aujourd'hui et comme il me semble que celle-ci est ferme, je commence dès aujourd'hui. Je parlerai de tout cela à mon père spirituel lors de notre prochaine rencontre...
Une résolution ? Oui. Elle est simple : un an de prière continuelle... enfin, autant que possible... prier autant que possible selon la pratique de la prière du cœur de l'Église Orthodoxe. Oui, par la grâce de Dieu je suis chrétien et orthodoxe ! Prier autant que possible, voire sans cesse ? Oufff... À ce qu'il paraît qu'au-delà d'un quart d'heure de pratique de la prière du cœur pour un pauvre quidam laïque et plus pécheur que tous, c'est dangereux ! Ça tombe bien j'ai envie, à 41 ans, de vivre une aventure, et pas d'aventure sans risques...
Petit début tranquille donc, cet après-midi à 17 heures. Assis sur un tabouret classique avec un petit coussin acheté par ma femme chérie, l'icône de mon Seigneur Jésus et de ma petite Toute-Sainte, la Mère de Dieu, devant moi, la componction au cœur (je l'ai dit, je suis pécheur plus que tous, je le dis sous le regard du Seigneur miséricordieux) après avoir fait quelques prosternations selon la tradition de mon Église : TOP CHRONO ! D'abord prière articulée, voix normale, puis articulée et murmurée, puis respirée, regard tourné vers l'intérieur, attention fondée sur la respiration et les mots de la prières et dirigée vers... les pensées!!! Le mental...
Bon, pas de grosses tentations obsédantes, parfois même l'élan du cœur vers le Seigneur Jésus et sa Sainte Mère, accompagné d'une vague chaleur dans la poitrine qui, vu mon état, ne peut être qu'un simple phénomène naturel qui peut devenir une illusion si je m'y attache. Je reviens simplement à l'attention aux mots de la prière articulés lentement.
Ma pensée s'égare, ne demeure pas dans l'instant présent, circonscrite dans les limites du corps. Tout est tentation pour quitter la prière : l'urgence subite d'aller feuilleter un livre : "Que disait-il déjà ce père du désert sur l'hèsychia ?" Ce genre de choses. "Il te faudra tenir un blog de cette aventure !", "Aïe, j'avais deux coups de fils hypers importants à donner !"... Mais je ne bouge pas, stoïque, si ce n'est pour me mettre debout et lever les paumes vers le ciel, regarder le Seigneur qui me regarde, paisible et aimant et la Mère de Dieu, la Toute-Sainte, sur qui je n'ose même pas poser mon regard. Alors je regarde juste les pieds du Seigneur qu'elle tient dans ses bras, ces pieds mouillés par les larmes de la pécheresse de l'Évangile... Ma prière à la Mère de Dieu : Ma Toute-Sainte Mère de Dieu, Marie, sauve-moi par ton intercession !
La prière se termine vers 18h20. Je suis calme et détendu. Je prépare le repas en épluchant quelques légumes. Je continue à prier en tenant mes patates et mes carottes et j'invoque sur elles aussi le Nom Très-Saint de mon Dieu : Jésus, vrai Dieu et vrai Homme, Ιησου μου, mon Jésus. J’accueille ma femme qui rentre du boulot avec cette tendresse du cœur qui aide à porter les fardeaux d'autrui. Bon début ? L'avenir me le dira, l'amour me le confirmera, car s'il n'y a pas plus l'amour dans ma vie après cela, c'est que je fais fausse route...
Allé, à table... la prière au cœur...