mardi 29 novembre 2011

59ème jour. Ascèse sans violence.






"Bienheureux l'homme qui a son espérance dans le Nom du Seigneur,
et qui ne se détourne pas pour regarder la vacuité et les folies erronées [de ce monde]" Ps 39.
Je note juste une chose aujourd'hui : dans le Nom de Jésus pas de colère, pas de haine ni de ressentiments, pas de peur ni de stress, pas de sentiment de solitude, mais la sensation d'être uni à tous, de voir l'humanité embrassée par le Nom et de poursuivre pourtant sa course folle dans l'ignorance et les conditionnements des subtils circuits peccamineux de ce monde. Enfin, l'impression de n'être rien d'autre qu'un tout-petit au sein de sa mère, et de ne dépendre en tout et pour tout que du Nom.
Comment des prêtres et des religieux peuvent dire que la voie de l'invocation du Nom peut-être dangereuse ? Quel danger peut-il y avoir a invoquer sans cesse le Nom très doux de Jésus ? Il faudrait que l'on enseigne cette voie au contraire, ô combien il faudrait qu'on l'enseigne ! Comme elle pourrait être bénéfique et apporter la paix ! Dans le Nom il y a déjà la Présence du Dieu-Homme, Fils et Verbe de Dieu et Dieu lui-même, celui-là même qui a dit : "Qui m'a vu a vu le Père", et : "le Père et moi nous sommes Un". Cette Présence ne se révèle pas à nous car notre âme est troublée et trouble comme de l'eau boueuse. Mais dans le Nom de Jésus, justement, elle trouve le repos et le limon se dépose peu à peu et l'eau redevient doucement limpide, transparente et potable sans autre procédé que le calme et le repos. Le Nom de Jésus est à la fois une ascèse sans violence et l’aboutissement de cette ascèse.

vendredi 25 novembre 2011

55ème jour. Prière de Jésus ou prière à Jésus ?

Cette appellation de "prière de Jésus" donnée à la formule la plus répandue de cette prière "Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur" m'a toujours intrigué. En effet, il s'agit plutôt d'une prière à Jésus. Alors d'où vient cette désignation de "prière de Jésus" ? À mon avis elle vient des origines même de la prière qui devait consister en l'invocation du seul Nom de Jésus. Alors cette appellation deviens claire : "prière de Jésus" = "prière consistant en la répétition du seul Nom de Jésus". Si on demande sa pitié, que nous implorions sa miséricorde, que nous supplions pour avoir sa paix, son pardon ou quoi que ce soit d'autre, il s'agit bien d'une prière adressée à Jésus pour qu'il nous accorde tel ou tel bien. Mais l'invocation du Nom seul est par excellence "la prière de Jésus".
On peut bien sûr étendre cette appellation à toute invocation portant le Nom de Jésus dans sa formulation, mais dans ce cas on peut tout aussi bien appeler l'Ave Maria catholique "Prière de Jésus", surtout dans sa forme latine, où le Nom de Jésus, Iesus, en est exactement le centre car il est encadré par quinze mots avant et quinze mots après, ce qui n'est certainement pas un hasard.
La prière de Jésus n'est pas une demande, elle est LA demande qui contient toute les autres... le Nom de Jésus est pour nous, ici bas, la seule source de tous les biens. "Et l'Esprit-Saint, le Trésor de tout biens ? Qu'en est-il alors de lui ?", pourriez-vous me rétorquer. Et bien, il est celui qui en nous forme le Nom de Jésus et le vivifie pour en faire un véritable sacrement, une icône verbale...

jeudi 24 novembre 2011

54ème jour. Et lux perpetua...

Il y a parfois des coïncidences étranges :
Sixième jour de travail à l'hôpital et, juste en début de  matinée, alors que j'avais déjà l'impression d'être arrivé à totale saturation, il a fallu gérer le décès d'un patient pas très âgé et le chagrin énorme de sa fille qui s’occupait de lui à domicile. Charge émotionnelle terrible !
En fin de matinée un aide-soignante m'appelle pour que je vienne voir le corps de la personne toilettée et habillée, afin de m'assurer qu'il  était présentable pour la famille, alors que nous nous apprêtions de sortir tout deux de la chambre, ne pouvant plus tenir, malgré l'agnosticisme total de l'aide-soignante, je me retourne vers le patient et traçant un signe de croix en l'air je dis :
"Requiescat in pace, et lux perpetua luceat ei"... et juste à cet instant la lumière de la chambre s'éteint, ainsi que dans tout l'établissement. Cela a eu évidemment un petit effet sur ma collègue qui, sursautant, s'est écriée :
"Qu'est-ce que c'est ? Qu'est-ce que tu as dit ?"
Et moi du tac-au-tac, calmement.
"C'est une prière en latin : "Que la lumière éternelle brille sur lui ; comme il n'a plus besoin de la lumière de ce monde, tout s'éteint pour signifier cela..."
En fin de journée, après une réunion assommante sur la dernière version du "logiciel patient", l'aide-soignante me reparle encore de cet évènement, qui peut évidemment s'expliquer par un simple coïncidence, encore ébranlée dans son agnosticisme finalement très ténu et fragile et témoigne ainsi de ce fond religieux toujours prêt à se réveiller... Que faire alors ? Je ne sais pas...



dimanche 20 novembre 2011

50ème jour. L'incarnation du Nom.

Le Nom de Dieu contient la Divinité. Elle s'y repose comme dans un temple sacré. Par son incarnation le Verbe a assumé une chair humaine et tout ce qui fait la faiblesse de sa condition, hormis le péché et l'a uni à la Divinité. Par cette même incarnation, le Nom Divin a assumé un nom humain, Jésus, nom propre courant à l'époque de l'incarnation du Fils, et lui a donné tout le poids de sa propre gloire. Jamais l'invocation du Nom n'est quelque chose de quelconque, un évènement vain, chaque invocation du Nom est salutaire au sens fort et plein du mot.
"...et il n'y a pas de salut en aucun autre Nom sous le ciel donné aux hommes, par lequel nous faut être sauvés." Ac 4 : 12 (Traduction littérale d'après le Latin, car les traductions scientifiques actuelles, conforme à leur esprit amoindrissent la portée extraordinaire de ce verset.)

 

vendredi 18 novembre 2011

48ème jour. Comme un petit grillon dans la nuit.

Pour parvenir à ancrer la prière de Jésus dans le cœur, il faut longtemps "faire ses gammes", avec la même concentration, la même application que celle d'un enfant passionné qui apprend à jouer d'un instrument de musique. Mais il ne faut pas oublier que le véritable virtuose est celui dont  la maîtrise technique acquise par des années de labeur est soudain habitée par le génie de l’œuvre qu'il interprète.
Quant à moi, je suis comme un petit grillon dans la nuit qui, inlassablement, poursuit son petit et insignifiant crin-crin vers le ciel étoilé, ignoré de tous... mais qu'importe, n'est-il pas lui aussi dans la main de Dieu ?

mercredi 16 novembre 2011

46ème jour. Attention et observation détachée.



La pensée précède l'action. Le plus important est donc de bien penser pour bien agir. Il faut se demander : "comment faut-il  penser ?", plutôt que : "comment faut-il agir ?"
Quand la pensée est complètement "fondue" dans l'invocation du Nom théanthropique  de Jésus, il n'y a plus aucune action extérieure, mais seulement une action intérieure : l'attention et l'observation détachée des pensées, et une seule qualité : la sobriété. L'attention et l'observation dans la sobriété ordonne l'acte extérieur à cette action purement intérieure irriguée et vivifiée par l'énergie divine qui émane du Nom.
L'homme peut alors arriver à poser, peut-être, une action juste.