mardi 4 octobre 2011

2ème jour. Respiration essentielle.

Même lieu, même tabouret.
Une heure et demie cette fois-ci. 9h45-10h20. Beaucoup de distractions et de pensées parasites s'agitent dans mon mental, mais une seule préoccupation en moi, fondamentale : établir et rétablir sans cesse l'attention sur les mots de la prière : Kyrie Iisou Christe eleison me, Seigneur Jésus Christ fais-moi miséricorde.
Prière murmurée, prière respirée.
Respirée ? Si nous nous rappelons les quelques notions sur la physiologie de l’appareil respiratoire, apprises certainement, pour la plupart d'entre nous, à l'école, nous pouvons suivre le chemin de l'oxygène, aliment et carburant indispensable à la survie de notre organisme, jusqu'à l'intérieur de notre corps. L’oxygène contenu dans l'air inspiré pénètre dans les poumons jusque dans les alvéoles pulmonaires, créées poreuses par le Créateur, aurait dit Nicéphore le moine. De ces alvéoles recouvertes de capillaires sanguins l'oxygène passe dans la circulation sanguine et se fixe sur l'hémoglobine des hématies, ou globules rouges, qui, grâce au fonctionnement du cœur vont parvenir jusqu'à chacune des cellules de l'organisme pour les vivifier en leur apportant ainsi le carburant nécessaire à leur fonctionnent spécifique, selon leur fonction pour la vie du corps tout entier.
Il s'agit simplement de faire suivre symboliquement, en esprit, le même trajet au Nom divin de Jésus, IESU, ΙΗΣΟΥ, par l'inspiration il pénètre en esprit dans nos narines, puis descend jusqu'au fin fond de notre poitrine. C'est une communion, issue du don total de notre Dieu pour nous. Là, le Nom de Jésus ne demeure pas inactif mais, comme l'oxygène vital, il passe dans tout notre corps, va imprégner chaque cellule de notre être et lui transmettre ce dont il a besoin.
La dépendance totale à l'oxygène devient symbole de la dépendance totale à notre Dieu et Seigneur Jésus, cet oxygène dont la combustion à l'intérieur de chaque cellule produit la chaleur de notre corps vivant mais périssable.

"La cellule de l'hésychaste, c'est les étroites limites de son corps; au-dedans, elle contient une maison de connaissances.
Saint Jean Climaque, L'échelle sainte, Vingt-septième degré (De l'hésychia), paragraphe 12; traduction française de l'archimandrite Placide Deseille, 2e édition, Spiritualité orientale n° 24, Abbaye de Bellefontaine, Bégrolles-en-Mauges 1987, p. 275.)"

"Demeure dans ta cellule et ta cellule t'enseignera toutes choses » (Apophtegmes II, 19)."

La respiration est naturelle à l'être, la prière aussi, mais comme nous sommes déchus et privés de la lumière divine nous ignorons cela. La respiration est vitale, la prière aussi. La respiration est la plupart du temps inconsciente mais peut devenir le support de l'attention, la prière aussi.
Mais nous devons revenir sans cesse en esprit à l'Amour de notre Dieu pour nous, cet Agapè divin, ce Chérissement qui Lui a fait donner sa vie pour nous sur l'arbre de la croix, devenu ainsi arbre de vie et qui nous a donné son Nom divino-humain de venu le Nom même de la Vie... et n'admettre aucune autre pensée mais vider notre esprit pour Dieu comme celui-ci s'est dépouillé de sa divinité par pur amour. La prière est sacrificielle, sacrifice du temps, du Chronos qui nous est rendu instant de communion, le Kairos, sacrifice de l'intelligence discursive brisée et prédicatrice du monde comme objet, qui nous est rendue contemplation du Divin et de la raison des êtres.
Après l'inspiration vient l'expiration, après un bref "suspens" qui peut être le lieu de silence intérieur total. L'inspiration était porteuse du Nom Divin, du Kyrie Iisou Xriste, l'expiration, elle, est porteuse de la miséricorde divine qui porte le péché du monde : eleison me. Comme le dioxyde de carbone, gaz toxique, et déchet de la combustion interne de cellules est porté à l'extérieur du corps en suivant le chemin inverse de l'oxygène, en esprit je remets mon péché entre les mains du Seigneur, et j'offre mon souffle... Comme le dernier ? Pause, silence...
Après la prière ce matin : déchargement de deux palettes de bois pour l’hiver. Je discute avec le livreur, jeune roumain orthodoxe, et j'oublie la prière. Mais de temps à autre l'élan du cœur refait surface.
Après le labeur petit rafraichissement; Nous buvons tous les deux de l'eau pétillante fraiche en poussant des "Aaaaah ! ça fait du bien". Rafraichissement dans la chaleur, du bois stocké en prévision de la froidure de l'hiver qui finit toujours par arriver même si nous n'y croyons guère, même si nous préférons oublier... "Ευχαριστώ σοι, Κύριε ο Θεός μου", "Je te rends grâce Seigneur mon Dieu." Encore la prière... en tout et pour tout.

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